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17.02.2022

La solidarité en action

Essai   •   More of Us

© Rogelio Vazquez


La solidarité doit devenir une action concrète pour lutter contre les inégalités, pour revenir à l'entraide, pour croire et faire confiance aux autres et ainsi mettre en place des mécanismes qui peuvent faire face aux failles et aux injustices du capitalisme. Dans ce sens, le coopérativisme est la clé.


Il s'agit de promouvoir des relations horizontales qui remettent en question les hiérarchies conventionnelles et favorisent le travail en réseau. Pour cela, d'autres valeurs doivent également être inversées : la recherche du profit ou de l'épanouissement individuel n'est plus considérée comme la chose la plus importante sur cette échelle, mais c’est l'engagement envers la communauté ou le développement du collectif qui est placé au-dessus.

 Ce système n'est pas nouveau et, historiquement, on peut le faire remonter aux sociétés anciennes où les bénéfices mutuels étaient promus. Récemment, cependant, il est intéressant de noter que les coopératives sont apparues comme une réponse à l'expansion, à la concentration et, d'une certaine manière, à la monopolisation de l'industrie, du commerce et de la finance. La clé de cette origine est la critique du capitalisme en expansion.

 Il s'agit donc de renforcer l'économie solidaire dans laquelle les bénéfices obtenus par le travail ne sont pas seulement économiques mais aussi sociaux et culturels. Nous parlons de renforcement et d'expansion car la crise du capitalisme n'est pas récente et, dans de nombreux endroits, des unités productives communautaires ont émergé comme alternatives mais elles sont petites.

Pour cette raison, il est essentiel de repenser certains principes qui inversent les valeurs du capitalisme. Il faut notamment penser l'économie au service des personnes (et non les personnes au service de la productivité), privilégier des relations d'égalité qui tiennent compte de l'horizontalité et de l'inclusion et enfin changer la notion de progrès afin qu'il puisse être autodéterminé par chaque communauté et chaque culture.

Et par où commencer ?

 Une fois de plus, il s'agit d'inverser les priorités imposées par le système actuel en commençant par renforcer les liens sociaux qui ont été rompus parce que beaucoup de relations sociales actuelles sont basées sur la compétition. En ce sens, il est essentiel de promouvoir des espaces de rencontre publics pour créer des réseaux d'action collective capables de critiquer les injustices sociales et de penser à des initiatives citoyennes. Ces initiatives peuvent alors envisager différentes manières d’avoir le contrôle sur la façon dont nous produisons, consommons, investissons ou échangeons. 

Ce dernier point peut être mis en pratique par la création de coopératives autogérées qui se distinguent par leur vocation non lucrative, où les personnes participent volontairement afin de répondre à leurs besoins et aspirations. Ainsi, l'organisation n'a pas de propriétaire unique mais elle est détenue et gérée conjointement de manière démocratique et sa croissance est consciente de son environnement, c'est-à-dire qu'elle peut être durable et ne pas détruire l'environnement et, par conséquent, résoudre également les besoins réels des communautés.

La justice, à ce stade, doit être le mot clé sur lequel les coopératives sont construites. Par conséquent, en tant qu'entreprises, elles doivent penser du point de vue des personnes : les produits et les services doivent être accessibles - prix équitables – et la chaîne d'intermédiaires doit être réduite. Elles doivent aussi créer des relations avec d'autres organisations ayant des principes éthiques similaires où l'échange est encouragé et où la sensibilisation à la consommation responsable est favorisée. Pour tout cela, il est également essentiel d'affronter un aspect du capitalisme : la spéculation.

En conclusion, penser le coopérativisme comme une forme d'économie solidaire est la clé pour répondre au besoin des communautés d'avoir des relations plus égalitaires et plus justes, surtout du point de vue économique. Mais sans perdre de vue les objectifs sociaux et en gardant à l'esprit l'importance de comprendre le rôle que chacun a en tant que citoyen, puisque c'est à partir de la participation, c'est-à-dire avec une citoyenneté active que les transformations nécessaires peuvent être générées.


Carolina Campuzano, membre du collectif More of Us