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BRUISE est un espace de publication en ligne donnant de la visibilité aux idées, conversations, expérimentations artistiques et projets générés en marge des espaces d’exposition physiques par les artistes en dialogue avec Triangle - Astérides, centre d’art contemporain d'intérêt national à Marseille, et leurs associé·es.

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23.07.2021

Commun.e - The People's Education

Œuvres   •   Ziphozenkosi Dayile

Pour cette troisième session, Ziphozenkosi Dayile donne carte blanche à The People's Education. Le collectif nous propose ici un podcast intitulé Music as the weapon of the future, Youth Day 2021, créé à partir d'un atelier qui a eu lieu à Cape Town le 16 juin 2021, avec une sélection de musiques par GirlBlue.

Triangle - Astérides · Commun.e - The People's Education


People’s Education présente La musique comme arme du futur, Fête de la Jeunesse 2021

Avec une sélection musicale de GirlBlue

People’s Education est un collectif militant qui s’intéresse à l’éducation africaine contemporaine. Notre intervention dans la culture de l’apprentissage se fait de manière organique par le biais de collaborations.  

L’Afrique a hérité d’une éducation coloniale qui nous permet difficilement de dépasser le néocolonialisme. Par conséquent, nous devons développer les capacités nécessaires pour parvenir à nos propres solutions. People’s Education se consacre à la décolonisation de l’éducation en brisant les rapports de force et les façons d’apprendre, d’être et d’agir coloniaux. À la place, nous choisissons de nous engager dans la production du savoir  africain. 

Notre nom s’inspire du mouvement anti-apartheid, People’s Education, et notre champ d’action inclut des ateliers communautaires, séminaires et cercles d’étude dans les lieux de travail. Notre militantisme repose en partie sur les idées et l’œuvre de Paulo Freire, en nous situant comme « des enseignant•es parmi les élèves et des élèves parmi les enseignant•es ». Nous partageons aussi l’avis de Bibi Bakare-Yusuf, qui expliquait que les efforts conscients pour la fabrication et le renforcement d’une culture du savoir africain sont essentiels à notre bien-être. 

Nous souhaitons que notre travail dépasse les modes de pensée et d’action pédagogiques institutionnalisés. Nous désirons créer une éducation africaine centrée sur nos origines et sur nos circonstances actuelles, de façon à pouvoir imaginer et construire l’avenir. 


L’éducation musicale dans le contexte africain 

Une partie de cette conversation concerne notre musique, l’identité africaine et l’anticolonialisme. Nous voulons investiguer le rôle de la musique dans la libération de nos peuples. En quoi la musique est-elle éducative ? Cette réflexion passe par une compréhension du pouvoir du son en tant que langage à part entière, contrairement au langage de la communication verbale ou sémiotique. 

La « modernité » nous pousse à consommer de la musique parmi d’autres consommations frénétiques. Plutôt que de faire partie intégrante de notre expérience vécue,  la musique est devenue une résultante de la capacité du marché à la monétiser et à la chosifier. 

La plupart du temps, les pratiques musicales africaines ont lieu au sein de la vie quotidienne, et ne sont pas considérées comme une activité spécialisée de la pensée ou du corps. Cette rupture avec le quotidien est une caractéristique coloniale. Dans la communauté africaine précoloniale, tout le monde est musicien. Si la musique nous offre une nouvelle « façon d’être », comment pouvons-nous l’associer au quotidien ?

Est-il possible ou souhaitable d’introduire la pratique de la musique africaine dans les salles de classe et dans le cadre d’une pédagogie formelle ? En d’autres termes, comment pouvons-nous tendre vers un apprentissage musical et une pratique de l’enseignement décolonisés et pluralistes ? 

Une possibilité serait de réfléchir à la musique et à sa création dans nos vies spirituelles. Dans ce contexte, la spiritualité est ancestrale. Nous incarnons et habitons nos formes ancestrales à travers la musique. Le rituel exige la présence de l’être. La musique a le pouvoir de libérer l’imagination, de guérir les traumatismes et de résoudre les problèmes liés au mal-être. 


Freespace: Des chansons pour l’avenir

Nous offrons un dialogue critique à travers la création d’un texte, « les comptines pour se libérer». La culture des jeunes et leur rapport à la musique soulève des responsabilités et des enjeux générationnels importants. Comment (ré)introduire plus de musique africaine aux jeunes, et de manière à ce qu’ils puissent la remixer à leurs propres fins créatives ? 

Pour ce faire, nous employons une méthode, que l’on considère aussi comme une activité pédagogique, appelée Freespace. Elle invite les participant•es à dépasser la hiérarchie existante pour concevoir collectivement un état futur, en établissant un dialogue artistique, créatif et spirituel. 

Les participant•es sont la communauté. L’atelier démarre par une réflexion sur l’éducation du peuple. Nos conversations tournent autour de la musique, des comptines et de nos conditions socio-politiques et culturelles. 

Pilier de l’atelier, Freespace permet aux participant•es de créer de la musique en s’appuyant sur nos conversations et sur leurs propres connaissances en matière de musique et de composition musicale. Aucune forme musicale prédéfinie n’est imposée. Les animateurs agissent comme des participant•es, et non pas comme des instructeurs. La collaboration et la confiance sont inhérentes à cette démarche. 

La collectionneuse de disques et DJ GirlBlue participe également à ce processus grâce à sa propre contribution musicale. Ce podcast est composé par la performance de GirlBlue et par des extraits enregistrés pendant l’atelier.