Commun.e - Contemplations sur la création culturelle, la résilience, les résistances et la mise en commun
Conçu par l’artiste et curatrice Ziphozenkosi Dayile, Commun.e s’inscrit dans une recherche soutenue du bien-être communautaire et des processus de décolonisation à travers une réflexion sur le savoir local et les pratiques de guérison au sein des communautés. Le programme est pensé tel un tremplin visant l’échange et la production croissante du savoir, par le biais d’un rassemblement de regards divers et variés. Ainsi, le programme se déroule sur plusieurs sessions qui prennent place à Marseille et au Cap au courant de l’été 2021. Ces événements sont également restitués en ligne sur bruisemagazine.com.
Le 3 juin, lors de notre première session, des artistes et des performeur.se.s se sont réuni.e.s autour de Ziphozenkosi Dayile et de Flora Fettah, au Mucem de Marseille. Ensemble, nous avons exploré les différents types de collaboration et de participation proposés par des artistes voulant créer un espace de dialogue critique sur nos sociétés et leurs futurs. Nous avons pu méditer sur le besoin d’un renouvellement de l’imagination et sur la possibilité d’intégrer ces pistes de réflexion au sein de projets liés à la performance et à la communauté, dans le but de mieux démanteler les systèmes actuels du pouvoir.
L’acte consistant à se regrouper n’est pas à prendre à la légère – ses enjeux ne se limitent pas à la seule pandémie et recouvrent de nombreuses réalités. Il est porteur d’aspirations et vecteur de transformations : pour plus de justice, pour résister face à un statu quo devenu intolérable, pour énoncer un présent à partir duquel un futur pourrait être imaginé, et pour prendre soin des autres, de plein de façons différentes.
Abandonner l’idée de l’artiste génial.e et tout.e puissant.e est une démarche décisive, qui laisse place au choix : celui d’investir nos pensées et nos créativités dans une œuvre collective, quelle que soit sa forme, et dans le cadre d’une communauté. C’est pourquoi, le temps d’une journée, nous ne nous intéressons plus à l’individu mais plutôt au travail créé à l’intérieur de cercles, de scènes et de groupes. Cette journée nous permet de nous rassembler, de passer des moments ensemble, d’assister à des coïncidences poétiques, de penser collectivement aux façons de redéfinir la solidarité entretenue avec autrui et le développement des communautés.
Vir Andrés Hera et Eden Tinto-Collins développent, chacun.e différemment, des pratiques artistiques en collaboration avec plusieurs cercles. Ce premier s’intéresse aux rapports de force entre les langues qu’il met en scène dans ses vidéos poétiques et au sein du comité de rédaction de Qalqalah قلقلة, une plateforme dédiée à la production, la traduction et la circulation des recherches artistiques en français, en anglais et en arabe. Eden Tinto-Collins travaille autour des notions de réseau et d’interdépendance et les applique à sa vie et à son projet : elle fait partie de nombreux collectifs, notamment Black(s) to the Future, avec qui elle construit des archives afro-futuristes, et Gystère Live Gang, qui explore l’aspect contestataire des genres musicaux.
Dorothée Munyaneza et Buhlebezwe Siwani se sont rencontrées deux jours avant de se produire ensemble pour la première fois, devant nous et pour nous. Leur pièce commune, Guherekeza, signifie accompagner nos défunts, les amener à leur lieu de repos. Pendant une heure, elles ont invité des personnes du public à s’asseoir autour d’une table, à partir de laquelle une cérémonie cauchemardesque a pris place.
Belinda Zhawi fusionne ses poèmes. South x South East évoque ses deux maisons: le sud-est de l’Afrique, où se trouve le Zimbabwe, et le sud-est de Londres, où elle vit depuis qu’elle est arrivée au Royaume-Uni. Ses mots sont accompagnés de sons qu’elle a enregistrés dans ces deux régions et à partir desquels elle propose des connections et des comparaisons.
La performance Moesha 13, alias Shaun, a duré une heure et demie. À la fois performeur.se et DJ, iel a partagé avec nous une partition composée de morceaux originaux et de documents sonores qu’iel assemble in situ.
Des discussions ont suivi les présentations et performances. Pour en savoir (encore) plus sur Vir Andrès Hera, Eden Tinto-Collins, Belinda Zhawi, Buhlebezwe Siwani et Moesha 13, cliquez ici.
Traduction anglais - français : Zahra Tavassoli Zea
Photographies © Grégoire d’Ablon
© Architectes Rudy Ricciotti et Roland Carta / Mucem